Pour les lecteurs pressés, les points clés :
> D. Trump devient le 47e Président des Etats-Unis grâce à une victoire large et incontestable, accompagnée d’un probable sweep républicain au Congrès.
> Sa politique devrait amener un shot d’adrénaline à l’économie américaine à court terme, mais en contrepartie de risques à long terme.
> Les actions américaines sont plus que jamais incontournables dans une allocation, tandis que l’Europe rétrécit à vue d’œil.
> Sur l’obligataire en revanche, l’Europe offre plus de garanties.
Macro
Net et sans bavure. On y avait cru quelques semaines à son début de campagne, mais rétrospectivement K. Harris était loin du compte. D. Trump a gagné six des sept « swing states » et le vote populaire, engrangeant un succès beaucoup plus large qu’en 2016. Il se dirige en plus vers le « sweep », c’est-à-dire le grand chelem qui cumule la Présidence et les deux chambres du Congrès. Les deux prochaines années, jusqu’aux élections de mi-mandat, seront donc du Trump « pur jus » sans contre-pouvoir significatif. Pour autant, si la campagne a été radicale dans le ton et les propositions, il s’agit d’abord d’un choix de positionnement électoral – qui s’est révélé payant – et pas nécessairement d’un raidissement de ses positions.
Great again. Pour l’économie américaine, cette élection est plutôt une bonne nouvelle à court terme. Les Républicains vont pérenniser les baisses d’impôt pour stimuler l’investissement et assouplir la réglementation dans trois secteurs clés : la finance, les énergies fossiles et la tech. Ils vont aussi adopter des positions plus laxistes sur la concurrence et protéger leurs entreprises du droit économique international. Enfin, on se souvient des passes d’arme de D. Trump avec le Président de la Fed Powell et de la pression exercée pour des baisses de taux d’intérêt.
America first. L’autre marque de fabrique de Trump, c’est le « America First », à savoir une approche géopolitique transactionnelle, pragmatique et peu soucieuse de positions de principes. En particulier, des mesures protectionnistes sont à prévoir vis-à-vis de la Chine, comme déjà sous son premier mandat, mais aussi, notamment dans le secteur automobile, contre l’Europe. Un durcissement considérable est à prévoir sur la politique d’immigration, alors que la hausse de la main d’œuvre immigrée avait été forte sous Biden après la pénurie de main d’œuvre post-Covid.
Après moi, le déluge. Au total, moins d’impôts, moins de régulation, moins de taux d’intérêt, cela ressemble à un petit shot d’adrénaline pour l’économie américaine pour les deux prochaines années. En contrepartie, plus de déficit et de dettes, plus de risques géopolitiques et climatiques à long terme. C’est aussi probablement plus d’inflation à prévoir, sous l’effet combiné des mesures protectionnistes et de hausses de salaires.
Le dindon de la farce. Au plan international, l’élection de Trump n’est pas une excellente nouvelle pour l’Europe. Les vents contraires s’amplifient sur le secteur automobile déjà en crise, et l’administration américaine sera certainement moins coopérative pour les autres secteurs exportateurs. Trump devrait reprendre sa stratégie de pression sur la défense européenne, accentuant la charge sur la dépense publique. Surtout, sa promesse de résoudre le conflit ukrainien « en 24 heures » laisse songeur sur le coût à supporter pour les Européens, soit en termes financiers, soit en termes de sécurité. Au Moyen-Orient, une position plus franchement pro-israélienne devrait limiter encore un peu plus l’appétit de l’Iran à escalader le conflit mais sans direction claire pour les prix du pétrole.
Allocation de portefeuille
Dow 50 000. On connaît le goût de Trump pour les casquettes et pour le Dow Jones. Alors que ce dernier accueillait l’élection hier avec un bond de plus de 3%, le marché ne s’y est pas trompé. Le sweep républicain est le meilleur scénario possible pour les actions grâce à l’espoir de baisses d’impôts et des contraintes réglementaires. Plus que jamais, le marché américain est the place to be alors que l’Europe fait pâle figure. Les secteurs qui bénéficient particulièrement de l’effet Trump : les banques, la défense, l’énergie… et Tesla ! Ses positions très arrangeantes sur les crypto-actifs boostent aussi le Bitcoin.
Contraste saisissant. Les actions européennes ont accueilli la nouvelle fraîchement, avec des baisses sur quasiment tous les secteurs. Conjoncture dégradée, risque politique et forte incertitude sur l’Ukraine dans les mois à venir : les nuages s’accumulent sur la classe d’actifs. Pour nous, il est temps de vraiment se départir du « home bias », la préférence pour ce qui est proche. L’allocation à l’Europe doit être dimensionnée selon son poids dans les marchés mondiaux, à savoir faible. Nous restons néanmoins convaincus que la décote massive sur les petites capitalisations de la zone ne peut perdurer mais avons allégé nos positions devant la détérioration de la situation.
Jamais sans ma dette. Une économie américaine plus dynamique, plus d’inflation et plus de déficits se traduisent par une hausse du dollar et des taux d‘intérêt long-terme. Ainsi, l’obligataire devrait être pénalisé à court terme et la courbe des taux se désinverser définitivement. Pour le coup, nous pensons que l’obligataire européen est une meilleure option, avec des défauts qui devraient rester contenus et une trajectoire plus claire pour les taux directeurs de la BCE. Paradoxalement, la prime de risque souveraine est devenue supérieure à celle sur les entreprises, et nous restons plutôt sur le crédit corporate. Les gérants macro qui surfent sur les mouvements de taux devraient aussi trouver un environnement fertile dans les prochains mois.
Portez-vous bien,
L’équipe Equinoxe